Chez Colchique en attendant Enguerande...

Une nouvelle journée s'était levée sur le village et Enguerande avait décidé de faire une surprise à Colchiqe. Elle avait passé la matinée à rassembler les ingrédients dont elle avait besoin pour concocter ce qu'elle avait en tête.
Au milieu de l'après midi, Enguerande se rendit chez Colchique...elle fouilla dans le sac de sciure devat la porte et sourit de constater que la clè était toujours au même endroit

Elle entra doucement dans l'atelier sans faire de bruit et grimpa à l'étage. Elle déposa son gâteau sur la table et attendait le retour de colchique en regardant par la fenetre.

Enguerande vit par la fenetre que colchique était de retour...elle l'entendit monter les escaliers. Elle resta appuyée contre la vitre, le laissant découvrir le gateau qu'elle avait amené.

Elle le vit saisir la chandelle, cherchant après la personne qui avait penetré chez lui. Doucement elle s'avança dans la lumière et lui sourit. Elle lui dit alors:

Ce n'est que moi....je t'ai apporté un gâteau qu'on pourrait peut être partagé? Qu'en dis tu?

Sans lui laisser le temps de répondre, elle alla chercher un couteau dans le tiroir du buffet que colchique avait fait de ses mains. Elle prit deux assiettes et déposa le tout sur la table.

Alors...on y goute? et sois franc parcque tu sais que je n'ai pas l'habitude de cuisiner

Elle saisit le couteau en en coupa deux parts qu'elle disposa dans les assiettes....Enguerande en deposa une devant colchique et se lecha la crème qu'elle avait sur les doigts en le regardant avec complicité.

Enguerande était assise devant Colchique et dégustait sa part de gâteau en le fixant. Elle n'eût pas le temps de lui demander si il aimait la surprise que déjà il lui disait qu'elle était un cordon rouge.

Elle lui sourit et l'observait se régalant avec la crème. La dernière bouchée avalée, Enguerande entreprit de débarasser la table et de laver rapidement les assiettes. Elle sentit colchique s'approcher et discretement, elle lança un peu d'eau dans sa direction en riant de bon coeur.

Elle termina de ranger puis alla ouvrir la fenetre. De là on pouvait y voir un ciel dégagé et un magnifique couché de soleil. Ell s'appuya sur le petit chassis et dit à Colchique:

Veux tu bien m'apporter un verre de thé et venir observer ce couché de soleil avec moi?

Elle lui adressa un de ces sourires mutins dont elle avait le secret et attendit qu'il lui apporte sa boisson.

Enguerande était une patissière hors pair et Colchique s'était régalé.
Finissant de faire la vaisselle non sans l'avoir aspergé au passage , la belle alla s'accouder à la fenêtre.
Se retournant alors vers lui avec son petit air espiègle dont elle était coutumière, elle lui demanda :

Veux tu bien m'apporter un verre de thé et venir observer ce coucher de soleil avec moi?

Colchique fit bouillir de l'eau sur le fourneau, prépara 2 tasses et mit quelques feuilles séchées de thé dans la belle théière qu'il avait acheté un soir en taverne à un certain POLO qui revenait des confins de la terre.

L'infusion faite, il remplit les deux gobelets en grès et en tendit un à Enguerande qui baillait aux corneilles, visiblement en admiration devant ce soleil rougeoyant qui éclairait de ses derniers rayons son si doux visage.

Au fait, tu veux de la mélasse dans ton thé ?

Enguerande le vit s'approcher avec le verre de thé qu'elle lui avait demandé. Elle le prit et le remercia d'un sourire. Quand il lui demanda si elle voulait un peu de melasse..elle se contenta de faire non de la tête et se tourna vers le ciel qui s'assombrissait rapidement.

Elle porta le verre à ses lèvres et but une gorgée du breuvage. Colchqique semblait lui aussi admirer le spectacle du couché de soleil qui leur était offert.

Ils restèrent ainsi de longues minutes sans parler.....la nuit avait maintenant remplacé la couleur rougeatre des derniers rayons de soleil et Enguerande frissonna lorsqu'un léger courant d'air traversa la pièce.

Elle se tourna vers Colchique et lui demanda innocement:

Est ce que je peux rester ici cette nuit?

La pénombre qui envahissait la pièce et cette petite brise vespérale accentuèrent le trouble de Colchique en présence de la jeune femme.

Cette question, il l'attendait depuis des jours, en rêvait à toute heure du jour et de la nuit...

Bien sûr Enguerande. Tu es ici chez toi !

Colchique posa sa tasse sur la table, prit délicatement la main libre de la belle brune et y déposa un léger baiser.

Après avoir terminé la soirée en taverne avec Nopus...Enguerande était vraiment ivre. Lorsqu'elle prit le chemin de retour, elle avait du mal à tenir sur ses jambes et devait longer les murs pour être sure de ne pas tomber. Elle passa devant l'atelier de Colchique et, machinalement, plonga sa main dans le sac de sciure sous le petit porche pour attraper la clè. Elle ouvrit la porte sans faire de trop de bruit et grimpa les escaliers grinçants de la petite maisonnée. Elle se débarassa de son col et de sa cape qu'elle laissa tomber dans les escaliers.

Une fois en haut, elle denoua les lacets de sa robe et s'assit sur le bord du lit. Elle retira ses chausses qu'elle balança dans la pièce puis fit glisser ses bas le long de ses mollets jusque sur le sol.

Enguerande se leva...retira sa robe et se glissa sous les draps aux côtés de Colchique qui dormait paisiblement. Elle posa la tête sur son épaule et une main sur son coeur puis elle lui murmura avant de s'endormir:

Pardonne moi mais il n'y avait pas d'autres lieux où j'avais envie d'être.

Elle ferma alors les yeux et s'endormit doucement.

Colchique se réveilla comme à son habitude au petit matin. Il avait bien dormi et sentait dans son corps une force nouvelle dont il aurait besoin tout le jour.
Encore allongé les yeux mi-clos, quelque chose lui parut anormal dans le lit. Un léger sifflement se faisait entendre à ses côtés et les draps se soulevaient à un rythme lent et régulier.
Tournant la tête, il constata qu’il s’agissait d’Enguerande qui dormait à poings fermés.

Quel profil, soupirât-il en la regardant.

Il se leva précautionneusement pour ne pas la réveiller, s’habilla prestement en silence et mit de l’eau à bouillir sur le poêle. Son regard porta vers le lit et il s’amusa en voyant les habits épars de la jeune femme dans toute la pièce. Tout en les ramassant et les étendant sur une chaise, il se faisait la réflexion qu’elle n’avait pas dû boire que de la tisane hier soir et s’était couchée sans doute bien tard…

Lui-même s’était rendu aussi à l’inauguration de la toute nouvelle taverne de la ville, la Mie Gourmande (tout un programme^^) tenue par ses amis Nopus et Somica. Il y avait fêté le joyeux événement avec force chopines, mais était rentré « sagement » chez lui tôt dans la soirée, le pas déjà hésitant et la langue lourdement chargée.

Il prit rapidement son petit déjeuner et descendit dans l’arrière-cour de sa maison où poussait un magnifique rosier. Il cueillit la plus belle rose, d’un rouge intense et dégageant un arôme délicat et remonta les escaliers. Au passage, il trouva à nouveau des habits d’Enguerande qu’il brossa avant de les poser sur la chaise.

Le charpentier aux gros doigts plongea la rose dans un petit vase en étain qu’il plaça au centre de la table, dressa la table pour le petit déjeuner de la ravissante dormeuse et prit un vélin où il laissa les quelques mots suivants :

Citation :

Bonjour Enguerande, j’espère que tu as bien dormi. Tu es ici chez toi.
Le thé est dans le gros pot en grès près de l’évier. Je descends à l’atelier. Bisou
Colchique

Il posa le message bien en évidence près de la fleur tout en surveillant discrètement d'un oeil attendri la jeune femme qui récupérait de sa nuit.
Puis il quitta à regret la pièce pour se mettre à l’ouvrage afin d’honorer une commande urgente.

Enguerande ouvrit difficilement les yeux en ce lendemain de soirée arrosée. Elle posa la main sur son front tant la tête lui faisait mal et elle etouffa un gémissement.

Après avoir reprit ses esprits, elle regarda autour d'elle et sourit en voyant où elle avait passé la nuit et glissa son visage sous les couvertures. Elle ferma les yeux et se concentra sur l'odeur qui avait envahi les draps....Enguerande aimait cet endroit, ce lit....elle s'y sentait apaisée et rassurée.

Son mal de tête lui laissant un peu de répit, Enguerande se leva et s'enroula dans le couvre lit...Au milieu de la table trônait une magnifique rose rouge que colchique avait surement cueilli le matin même. Enguerande approcha son nez et s'impregna de l'odeur de la fleur. Son regard se posa sur un petit mot qu'elle lut rapidement.

S'assurant que le couvre-lit cachait bien son corps dénudé...elle descendit l'escalier et vit Colchique concentré sur un morceau de bois. Elle s'approcha doucement et se serra tout contre lui en lui murmurant:

Bonjour toi.....est ce qu tu as bien dormi?Je ne t'ai pas entendu te lever....

Elle lui sourit en l'observant.

Enguerande restait serrée contre Colchique et sourit de n'obtenir aucune réponse à sa question. Elle supposait qu'il devait avoir bien dormi même si un doute lui fit poser une autre question:

J'ai essayé de ne pas faire trop de bruit...je ne t'ai pas dérangé au moins?

Elle savait qu'elle lui avait fait endurer des moments difficiles...et pourtant...elle ne pouvait se résigner à se tenir loin de ses bras.

Le voyant se pencher vers elle, elle posa un doigt sur ses lèvres et en dessina le contour. Une sourire malicieux éclaira son visage et elle déposa un tendre baiser sur le coin de sa bouche.

Puis elle se pencha à son oreille et lui murmure:

J'ai merveilleusement bien dormi à tes côtés...

Elle le regardait avec beaucoup de tendresse...les battements de son coeur s'acceleraient....

Toujours en tenant le couvre lit autour d'elle...elle se recula et lui dit en grimpant les escaliers:

Est ce que tu veux une tasse de thé.

Colchique complètement ahuri par ce baiser et ce tendre aveu, lui répondit avec un peu de retard :

Volontiers. Je termine d’égaliser cette pièce et je monte.


Cette femme avait toujours le don de le surprendre, se disait-il en reprenant le dégauchissement de la planchette. C’est sans doute pour cela qu’il l’aimait de tout son cœur.

Entendant la bouilloire siffler à l’étage, Colchique posa sa varlope sur l’établi, frotta les copeaux de bois accrochés à ses braies et monta rejoindre Enguerande, le cœur battant, il devait bien le reconnaître. Sa présence inattendue lui faisait tant de bien...

Le marché diois lui avait permis de trouver tout ce dont elle avait besoin pour leur déjeuner sur l'herbe et c'est accroché au bras de son aimé que Enguerande avait pris la direction de l'atelier de Colchique. Aux les protestations de Stef quant au poids du panier rempli de victuailles, la jeune femme avait juste répondu pas un sourire angélique qui avait la particularité de faire cesser toutes réclamations. Les petits chemins qui traversaient la ville s'étalaient sous leurs pas et c'est sans faire de détours que le couple arriva devant l'atelier du menuisier. Machinalement, la cuisinière du jour fouilla dans le sac de sciure et entreprit d'ouvrir la porte lorsqu'elle fût arrêté par la main du blond.

Euh... Tu crois qu'on peut entrer comme ça ? Il n'est peut être pas encore arrivé..

Elle se ravisa et réalisa surtout que certains gestes qu'elle avait pu accomplir par le passé étaient devenus des automatismes....surement parce qu'elle avait connu des moments heureux dans cette modeste maison.

Hum...oui tu as raison...mon esprit me joue des tours et je me voyais encore comme si j'étais chez moi...

La clé fût remise à l'endroit où elle avait été trouvé et c'est en frappant doucement à la porte qu'Enguerande signifia à Colchique la présence du couple à l'entrée de son atelier. Quelques minutes plus tard....toujours aucune réponse.....se demandant si par hasard le menuisier dois n'avait pas oublié leur rendez- vous, Enguerande lâcha la bras de son aimé et mit ses mains en porte vois autour de sa bouche pour crier:

Colchique...es tu là????Youhou???

Elle retourna contre son aimé pour lui voler un baiser et attendit patiemment après une réponse.

[quelques mois plus tard]
Colchique attendait son amie Arwel qui lui avait passé une commande des plus particulières : une barque skieuse...
Un peu perplexe, il tournait et retournait dans sa tête les solutions techniques possibles.
A l'aide de son crayon de mine, il enchaînait croquis sur croquis, esquissant des profils de rêve...

[bien des années plus tard...]
Colchique était devenu un soldat expérimenté, avait parcourut des lieues et des lieues au service de son Duché, combattant à vil prix les méchantes gens sans foi ni loi.
Il était monté en grade et partant, allait bouger de moins en moins. Sa silhouette était pourtant restée mince et élancée, comme si le temps n'avait pas de prise sur lui.
Et un jour, il reçut des nouvelles improbables d'une femme qu'il avait connu dans sa prime jeunesse; à l'époque, il était devenu éperdument amoureux de cet être aux yeux merveilleusement bleus et, pourquoi le cacher, au corps admirablement bien fait.
Un court moment, ils vécurent des moments torrides, elle encore engluée dans un passé récent dont elle sortait meurtrie, lui jeune soldat virevoltant, inconscient de la vie.
Les hasards de la vie les avaient séparés l'un de l'autre, chacun menant sa route comme elle leur était dictée.
Au fond de lui, cet amour ne s'était jamais éteint et il avait toujours désiré qu'une telle lettre de renouveau lui parvienne.

Une première rencontre en taverne dioise avait ravivé des sentiments enfouis au plus profond de son âme.
Ils se revirent et décidèrent d'un commun accord de se retrouver.
Les premiers pas furent... flottants, chacun cherchant l'autre. Non dans le passé révolu, mais dans ce qu'ils avaient l'intention de devenir l'un avec l'autre.
L'un pour l'autre.

Enguerande, car tel était son nom, était revenue au village avec dans ses maigres bagages un petit bout d'chou appelée Anaelle.

Le vieux soldat les avait invité toutes les deux à séjourner dans sa maison atelier et il les attendait.

Elle les observait tandis qu'Anaelle sautait dans les bras de son tonton...Enguerande avant très certainement fait la seule chose à faire depuis le départ de son mari, à savoir faire de sa princesse son unique préoccupation mais elle avait oublié que la jeune fille avait aussi besoin de voir d'autres personnes...de se sociabiliser afin de ne pas devenir aussi "sauvage" que sa mère. Faut dire qu'elle savait charmer son monde même du haut de ses cinq ans...surement un trait de caractère hérité de son père. Colchique ne semblait réaliser ce qu'il faisait en proposant à Engue de venir s'installer chez lui...et même si elle n'avait pas l'intention de s'éterniser chez lui...la vie de l'artisan serait chamboulée quelques jours.
Et puis elle avait aperçu Bounette au marché et elle avait lu les mots affichés sur le panneau dans le centre...la douleur....aussi pointue qu'une flèche.

-"Peux tu nous indiquer où nous allons pouvoir dormir cette nuit?"

Elle restait distante...il le fallait...