Chez P00ubelle au 29 Avenue de la Forêt Dioise

Aujourd'hui, la jeune tribun prit la décision de trouver une demeure, sa demeure. Elle tourna dans tout le village pour trouver la perle rare.

Au bout de quelques heures de marche, sa détermination s'estompa au fil des rues qu'elle parcourait. Elle avait vu bon nombre de maison, et en venait à ne même plus savoir ce qu'elle cherchait. Chaque bien correspondait parfaitement à un des critères qu'elle s'était fixée, cependant aucun ne les rassemblait en totalité.

Au détour du lavoir, alors qu'elle retournait à son bureau, elle resta étonnée de ne l'avoir jamais vue. Elle était là, un peu défraichie en recul par rapport aux autres, elle n'inspirait pas confiance mais pourtant elle envoutait au premier coup d'oeil. P00ubelle resta figée devant la porte quelques minutes avant d'entrer dans les lieux.

La maison semblait être restée plonger dans l'obscurité durant une longue période, elle pénétra à taton dans les pièces. Chaque pièce regorgait de possibilités, elle ne m'y pas longtemps avant de prendre LA décision.

Elle retourna à vive allure au bureau pour inscire son nom sur les répertoires.

La soirée venue, elle se renda chez elle et s'attaqua à la remise en état de la maison. Elle rapproprisa l'ensemble de la batisse.

Ah c'est déjà mieux, manque plus que les meubles mais toute seule ça va être compliqué !

Avant d'en finir pour la journée, elle rapporta un gros fauteuil et une couverture à l'intérieur. Elle s'installa au mieux dans le futur séjour avant de se couvrir et de passer sa première nuit dans sa demeure.

Colchique était allé chercher la plus belle et la plus robuste de ses charrettes pour l'emménagement.
Il était en avance puisque ça n'avait lieu que le lendemain...
Il s'allongea dans la carriole, se couvrit de sa couverture de campagne et s'endormit tout à fait en peu de temps.

La clarté du jour commençait à emplir la pièce où P00ubelle s’était entreposée pour se reposer quelques temps. Alors que la ville était encore plongée dans un profond sommeil, un petit être en décida autrement.

Hmmm, la glandouille matinale ne sera pas pour aujourd’hui… Foutu coq !

Elle s’étira alors de tout son long, à s’en rompre tous les membres et c'est à cet instant que de subtiles douleurs commencèrent à se faire sentir. Bien évidemment, son beau et confortable fauteuil avait décidé qu’il lui rappellerait la journée durant sa nuitée, elle était mâchée de partout. Pourtant sa joie se profilait déjà au détour de ses lèvres en se parant d’un sourire radieux.

Elle se dégagea de son lit de fortune et se dirigea vers les ouvertures extérieures. Qu’elle ne fut pas sa surprise quand elle aperçut cette carriole au plus près de sa porte, elle bougonna mais resta attentive. A force d’observation, elle comprit qu’un corps était emmitouflé dans cette couverture. L’agacement lui monta prestement aux oreilles. Elle ne perdit pas une seconde et se dirigea vers l'individu. A peine le pas de la porte franchit, elle se mit à hurler tant qu’elle pouvait avant d’ôter d’un coup sec la couverture.

Non mais ça va aller oui ! Mon devant de porte n’est pas un endroit ou crécher le temps de voir le marché se mettre en place… Du b…

Quelle horrible erreur venait-elle de faire ! Elle aurait voulu déguerpir aussi vite qu’un coup de vent pour oublier cette fâcheuse méprise. Elle se para de rose, de rouge puis de violine quand elle reconnue Colchique, qui était tout simplement en train de se reposer.

Oh Col, je suis désolée. Je ne savais pas… J’ai cru que… mais non… Puis je n’ai pas… Avec le jour… Et la couverture… Enfin comprend… Je ne voulais pas… Jamais j'aurais osé... Pas fais exprès… Excuse-moi… Je suis désolée...

Tout en essayant de s’expliquer, elle reposa la couverture sur le ventre de Colchique avant de reculer, reculer jusqu’à ce qu’elle soit contre un obstacle la stoppant. Elle n’osait même pas le regarder, elle savait qu’il la prendrait pour une folle, une folle furieuse. Puis elle se terra dans le silence lorsqu’elle réalisa qu’elle avait peut être réveillé tout le voisinage avec ses cris. Elle avait alors encore plus honte d’elle.

Le froid le pénètre au plus profond des os mais il rêve...Il rêve d'une jeune femme qu'il a rencontré il y a peu.
Sa couverture de campagne est trop mince pour le protéger des premiers frimas de l'automne mais il s'en souci peu, demain il sera à pied d'oeuvre pour aider cette femme qui a un visage, un rire, une présence qui l"emeut profondément.
Il se retourne pour désengourdir son côté droit et se repose sur le bois dur de la charrette du côté gauche.
Enervé par sa position inconfortable, excité par cette inconnue qui hante ses pensées, il dort mal.

Les premières lueurs de l'aube le surprennent claquant des dents. Ses sens en semi-éveil sont soudainement exacerbés, sous une poussée puissante et terrible agonie d'injures toute proche. Son corps sursaute à la mesure du choc. Le coeur, les oreilles, le crâne sont littéralement déchirés.
Que...quoi... Ah Gueu gueu...Maman pourquoi m'as-tu abandonné ? ..........

Il sent que l'ogre hurlant s'approche tout près de lui, vociférant, furieux. Il se recroqueville craignant le pire dans ce cauchemar vivant.
Un pan de sa maigre couverture est brutalement soulevé puis reposé très vite dans un silence de mort.
Il ne bouge plus, pas même d'un cil, terrifié, tout à fait réveillé maintenant.

Un temps infini s'écoule, son coeur s'apaise très lentement. Plus aucun bruit autour de son frêle abri. Doit-il se redresser ?
Les premiers rayons du soleil commencent alors à éblouir sa couche à défaut de le réchauffer.
"Courageusement", il ouvre un oeil puis un autre, se rassure in petto et sort de sa cachette à gestes mesurés.

Sortant prudemment la tête au dehors de la carriole, ses yeux piquant font un tour d'horizon pour s'assurer que tout danger s'est éloigné en compagnie de la criarde menace.

D'un coup son regard se précise en direction d'une femme en chemise de nuit terminant son croissant chaud qui ramasse sa gazette quotidienne et regagne sa maison.
Seule présence humaine dans la rue déserte, la femme hésite se tournant de part et d'autre comme si elle craignait que ses voisins ne se réveillent après les hurlements qui avaient réveillé Colchique.
S'agit-il heureusement d'une simple méprise ?
Comment, lui qui dormait si mal aurait-il pu produire par ses ronflements autant de bruit qu'un chariot brinquebalant de boueux videurs de chiures urbaines ?

La ruelle était plongée à nouveau dans un silence solennel, l’effroi immobilisait la jeune femme.
Elle constata qu’une de ses voisines ne fit pas cas de l’évènement qui venait de se produire comme si c’était coutumier. Pour dire, celle-ci finissait d’engloutir son croissant comme si elle craignait qu’on ne le lui chipe au passage.
Elle se pencha pour récupérer sa gazette imbibée par les eaux crasseuses et stagnantes, elle vociféra sans que ce soit suffisamment audible. Elle remarqua la jeune P00ubelle qui s’était recroquevillée comme un fœtus, elle lui adressa un sourire déchicoté tout en hochant de la caboche. Sans même attendre une réponse de sa part, elle s’engouffra par la petite porte et disparue une bonne fois pour toute, rien ne pouvait l’attester !

La demoiselle était rentrée dans un état de mutisme avancé, cependant elle scruta les moindres mouvements perceptibles autour d’elle. Elle ne manqua pas de voir la tête de Colchique se dégager des montants de la carriole. Son corps ne manqua de renouveler sa palette en l’ornant d’un ton rougeâtre qui en disait long.

Elle se demandait si une tempête se ferait entendre dans les temps à venir ?

Alors que son statisme l’abandonnait, elle reprit le contrôle sur elle-même sans pour autant oublier cette gêne qui l’habitait. Elle le regarda avec douceur et mal être tout en restant en boule contre son mur.

Le vieux soldat se déplie douloureusement de sa carriolle et se dresse sur ses jambes flageolantes.
Il avise enfin Poobelle adossée contre un mur, blême.
Prenant son courage à deux mains, il s'approche de cette femme qui encore hier soir, lui faisait tourner la tête.

Poo, je ne sais qui s'est emporté ce matin à l'aube, mais me voilà tout à fait réveillé.
Si tu veux bien me servir une tasse de café (avec deux cuillères de miel) avant que nous ne nous mettions à ton emménagement, ce ne serait pas de refus.

La douceur des mots de colchique estompa instantanément le mal qui la rongeait. Elle leva la tête vers lui lorsqu’il prit la parole pour la toute première fois.

Poo, je ne sais qui s'est emporté ce matin à l'aube, mais me voilà tout à fait réveillé.
Si tu veux bien me servir une tasse de café (avec deux cuillères de miel) avant que nous ne nous mettions à ton emménagement, ce ne serait pas de refus.

Elle se mit à sourire, se demandant s’il ignorait réellement l’identité de l’ours mal léché qui l’avait tiré de ses songes. Il était évident que Colchique savait y faire pour apaiser la jeune femme. Elle se releva donc avant de s’adoucir la voix doucement.

Oh toi aussi tu as entendu cette furibonde, je suis sortie en trombe mais je n’ai vu personne !

Lui adressant un sourire des plus angéliques afin de lui démontrer sa gratitude.

Ma foi, vu l’heure, pour sur que tu auras du café mais je ne te promets pas qu’il soit buvable. A tes risques et périls. Tu te souviendras de cet emménagement pour quelques temps je pense.

Elle le fixa de ses grands yeux avec tendresse et ravissement. Quelques instants plus tard, ils pénétrèrent dans la demeure tristement vide. Différents objets étaient éparpillés dans les premières pièces visibles. Ils allèrent directement dans la cuisine, elle s’occupa de mettre de l’eau à bouillir. En attendant, elle prépara les tasses pour les différents breuvages ainsi que le petit pot de miel. Puis elle se rendit compte qu’elle n’avait rien pour entreposer les affaires. Elle était déboussoler, la panique commençait à la submerger quand tout à coup une idée lui traversa l’esprit.

Ça te dit de le prendre dehors ? y a un vieux banc dans le jardinet ça pourrait être agréable… parce qu’ici, hors mis le gros fauteuil j’ai pas d’autre assisse encore !

Tout rentrait dans l'ordre et malgré l'heure matinale, ils s'affairèrent, lui en rangeant sa charrette le long de la maison, Poo en préparant le petit déjeuner.

La maîtresse des lieux proposa qu'on déjeunât dans le petit jardinet, ce qui était une bien bonne idée, les rayons du soleil léchaient la palissade en bois et bientôt, ils seraient inondés de lumière (pour la chaleur, on verrait au printemps).

Allons-y ! Donnes-moi un plateau, on va s'installer confortablement dans ton beau jardin.

L'eau frémissait depuis quelques temps déjà, mais P00 avait la tête ailleurs. Elle reprit ses esprits et versa l'eau chaude dans les différents contenants pour infuser le café et le thé.
Elle déposa, après quelques instants, les tasses sur le plateau, elle agrémenta celui ci avec pot de miel, un petit pichet de lait frais et quelques biscuits aux amandes.

Je te remercie vraiment de ton aide. J'espère que ça ne prendra pas trop de temps.

Elle prit le plateau avant de passer devant pour lui montrer le chemin. Elle poussa une dernière porte, et voila que le trésor de cette maison s'ouvrait à eux. Il y avait quelques arbustes, des arbres fruitiers tous se paraient de leur robe rouge orangée pour l'automne qui débutait. L'herbe était couverte d'une frêle rosée, mais cela ne l'arrêta pas elle traversa en quelques enjambées le jardin pour rejoindre le banc.

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